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    13. Venezuela : Los Testigos
27 janvier au 2 février 2008
 
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Rubrique Carnets
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De Chaguaramas (Trinidad et Tobago) à Los Testigos (Venezuela)
Nav dans le noir - Record de vitesse

Les Bouches du Dragon à peine franchies, nous éteignons tous les feux : visibles à l'œil nu, les côtes Venezuéliennes ne sont pas loin, et il semblerait qu'il y ait une recrudescence d'attaques de pirates. Nous envoyons donc les enfants se coucher très tôt pour pouvoir éteindre aussi à l'intérieur. Les quarts nécessitent du coup une attention accrue : si les autres bateaux ne nous voient pas, nous ne les voyons pas non plus!

Nous faisons route plein nord pendant 30 milles pour nous éloigner des côtes du Venezuela, puis prenons à l'ouest droit sur les Testigos. Nous ne rejoindrons pas le voilier français parti de Chaguaramas 1h30 avant nous : il a décidé de couper plus court. Nous ne le reverrons donc pas puisqu'il poursuit sa route jusqu'à Margarita, 50 milles plus loin.


Malgré un vent modéré (10 à 15 nœuds), puis faible (5 nœuds), nous avançons très vite : 9 nœuds, même moteur au ralenti (1200 t/mn)! C'est en partie dû à l'antifouling et au ponçage de l'hélice, mais surtout au courant, de l'ordre de 2 nœuds.

Résultat: 110 milles parcourus en 13h seulement, (et encore, nous avons ralenti exprès)! Heureusement que nous sommes partis plus tard que prévu (voir pourquoi à la fin du Carnet Trinidad et Tobago), sinon nous serions arrivés en pleine nuit!


Los Testigos - 27 janvier au 2 février 2008

Hospitalité de l'ouest - Noix de coco -Nouvelle école - décalage horaire

1er jour. La Iguana
Nous arrivons aux Testigos, et plus précisément sur l'île de la Iguana, à 7h du matin. Le mouillage ne pose aucun problème: 5m d'eau, fond de sable, bateau sous le vent d'un îlot.

Sitôt mouillé (le bateau), sitôt baignés (tout le monde)!

Puis, l'annexe mise à l'eau, nous allons à terre signaler notre présence aux gardes-côtes: "El Muchacho", l'un de ces jeunes militaires très accueillants, nous confirme les informations lues sur internet : nous pouvons rester quelques jours sur l'archipel, en attendant les formalités officielles, à faire sur le continent ou sur l'île de Margarita.
Il nous demande ensuite si nous pouvons lui donner une bouteille de vin... Un autre militaire si nous avons des fusées de détresse : ils s'en servent pour des exercices (et aussi certainement pour fêter le carnaval la semaine prochaine!).


Nous n'avons pas de vin (ce qui surprend beaucoup tous les bateaux français que nous rencontrons depuis le départ : "Pas de fromage non plus? Mais comment faîtes-vous?"), mais quelques bières et des fusées périmées que nous leur apporterons dans la soirée.

Promenade sur la plage de la Iguana. Le village est constitué d'une trentaine de maisons alignées au bord de l'eau. Il n'y a ici aucune activité, aucun commerce: pas d'épicerie, pas de bar ou de restaurant. Pour se nourrir, il y a la pêche et les arbres fruitiers. Après les grosses dépenses de Chaguaramas, nous allons faire des économies dans ce village de pêcheurs!



La plage de La Iguana                 


Tout le monde nous salue de la main. Très vite un groupe d'enfants s'approche. Le contact est immédiat.

Ils demandent si nos enfants veulent jouer avec eux. "A quoi? "No Toque!", soit notre "trappe-trappe"! Et c'est parti!

Pendant que les enfants jouent sur la plage, des mamans s'approchent pour discuter avec nous, très accueillantes. Plaisir de retrouver l'espagnol, après le créole Cap-verdien et l'anglais de Trinidad.
L'une des mamans, Estella, nous explique qu'il n'y a pratiquement qu'une grande famille qui vit sur la Iguana, l'île principale des Testigos.



1ers contacts devant le village            

La grand-mère a eu 10 enfants, qui sont presque tous restés, ou revenus après leurs études à Margarita.
Certains sont aujourd'hui garde-côte, d'autres infirmières, deux sont les maîtresses de l'école.

Ces dernières nous proposent d'ailleurs de recevoir nos enfants dans les classes le lendemain, à 8 heures.

Puis Estella nous invite chez la grand-mère. Nous buvons un verre de Tang (!) en attendant la fin du repas : la grand-mère sert les hommes de la maison (son mari et ses 3 fils). Le grand-père propose ensuite de nous cueillir des noix de coco. A l'aide d'une serpe fixée au bout d'une longue perche, en équilibre en haut de son échelle, il coupe les tiges des noix de coco.

Estella en prend une sur la tête! Tout le monde rit ("mais ce doit être très désagréable" (;-) Pampers, pub des années 80)). Elle n'a plus d'anti-inflammatoires (c'est pourtant l'infirmière): nous lui en ramènerons dans l'après-midi.

1er service: nous buvons le lait des noix de coco, vidé dans une grande calebasse servant de saladier.

2nd service: noix coupées en 2, nous mangeons la chair tendre à la petite cuiller. Tout le monde se régale, y compris Fleur!


La grand-mère est en admiration devant Fleur, "Flor, un bébé tan limpia!" (un bébé si propre!), et lui promet un beau mariage si elle revient dans 20 ans...

Dans l'après-midi, Estella passe au bateau avec ses enfants (de 10 et 6 ans) pour nous offrir du poisson, vidé et préparé.

Nous le mangerons tous ensemble le soir sur Apache, le Barbecue étant maintenant réparé!



Fleur avec Estella, chez la grand-mère       

2ème jour. La Iguana
Les enfants sont prêts pour aller à l'école, contents, mais anxieux, surtout Domitille. Elle a mis son plus beau T-shirt rose. Nous arrivons à 8h - 5, et sommes surpris de ne voir personne. Nous sommes bien lundi? oui. A 8h30, arrive le 1er élève. Nous lui demandons pourquoi les autres ne sont pas là. "Parce qu'il est tôt : je viens en avance pour attendre la maîtresse".

Le décalage horaire! Nous n'y avions pas du tout pensé!!! Le soir, nous ajouterons une heure à nos montres!

Les élèves commencent à arriver, et nous constatons qu'ils ont un uniforme, ou en tous cas des couleurs imposées : haut blanc et bas bleu marine. Ça devrait se trouver facilement sur Apache, et nous avons juste le temps d'aller chercher de quoi changer nos enfants.

Domitille n'est pas contente du tout, et nous arrivons à lui faire accepter un t-shirt blanc en lui expliquant que quand même, ils nous accueillent gentiment, il faut faire comme eux, et qu'elle se sentira mieux si elle est comme les autres élèves.

Arrivés à l'école, nous découvrons qu'en maternelle, les enfants ont un t-shirt rouge.... Domitille nous lance son regard le plus noir!


Tous les matins, c'est la cérémonie des couleurs: nos enfants sont en rang avec les autres, qui chantent l'hymne national.

Au Venezuela, il y a les maternelles jusqu'à 6 ans, puis le primaire de 6 à 12 ans. Il y a donc 6 niveaux au primaire.

Dans cette petite école, il y a 3 classes, à triple niveau.

Il y a en tout 16 élèves: nous gonflons sacrément les effectifs!



Marin et Philippine se retrouvent donc ensemble, et commencent par un cours d'anglais, qui se transforme en cours de français aussi, le maître leur demandant régulièrement "et chez vous, comment ça se dit ?"

Juliette va directement en salle informatique (une petite fille lui avait d'ailleurs dit la veille d'amener un gilet parce que cette salle est climatisée!), pour une dictée ! Elle en sera bien sûr dispensée, et en profite pour décrire et dessiner tout ce qu'elle voit, afin de compléter nos carnets!! (voir plus bas)

A midi, Domitille revient très fière, avec "du travail", et une "chanson apprise".
- Comment s'appelle cette chanson, tu peux nous la chanter?
- Bien sûr que non; puisque je ne comprenais rien, je faisais juste semblant!

Il n'y a école que le matin. L'après-midi, nous retrouvons Estella et des enfants sur la plage.

Un peu plus tard, nous découvrons sa maison: nous ne pensions pas trouver un intérieur si "simple". le sol est brut, il n'y a que deux pièces, 3 lits, plus un préau, véritable pièce à vivre, où l'on fait la cuisine, se lave etc... Il n'y a pas d'eau courante, mais une abondante électricité gratuite. D'ailleurs, tout est éclairé toute la journée! Quand nous nous en étonnons, ils nous répondent ne pas savoir où sont les interrupteurs des lampadaires municipaux!

Le seul confort est donc amené par cette électricité : dvd et machine à laver, plaque électrique et frigo. Mais il n'y a qu'une chaise dans toute la maison! Les enfants (les nôtres, les siens, plus des cousins) s'installent devant un dessin animé. Elle insiste pour que nous restions goûter les "arepas", galettes de maïs, qu'elle prépare pour toutes les personnes présentes, sans compter si ce sont ses enfants ou ses neveux ou des voisins. Le partage semble vraiment très naturel. Estella me propose même de venir faire une machine chez elle...


3ème jour. Playa Real, au nord de Testigo Grande
Nous amenons les enfants à l'école à 8h-10. Zut, l'école a déjà commencé! Décidément, nous avons du mal avec les horaires locaux!

Le soir, nous apprendrons qu'en fait, il n'y a qu'une demi-heure de décalage avec Trinidad! Incroyable, non? C'est tout nouveau, une décision prise en 2007 par Hugo Chavez!


Pendant l'école, nous allons avec Apache découvrir les plages de l'île de Testigo Grande, à 1 mille à peine de La Iguana. Estella est avec nous, elle tient à nous présenter tout le monde de ce côté-là du village.

Sable blanc, mer turquoise, soleil brûlant: nous voilà enfin sur les plages tant attendues!

Mais un événement récent gâche le tableau: un voilier français a en effet été attaqué ici il y a 2 jours et le propriétaire blessé par balle.



Les habitants sont très affectés et déçus de constater que cela arrive aussi chez eux: un coin aussi tranquille!

Ils essaient tout de même de se (et de nous) rassurer: étant donné la petite taille de l'archipel, et le fait que tout le monde soit sur ses gardes dorénavant, il y a peu de chance que cela se reproduise avant longtemps. Nous préférons tout de même revenir tous les soirs mouiller à La Iguana, face aux gardes-côtes!


Après l'école, le bateau "Transporte Escolar" ramène nos enfants.

Des copains montent avec eux sur Apache, rejoints dans l'après-midi par d'autres encore: à 15h, il y a 17 enfants (dont 3 ne sachant pas nager) et 4 adultes à bord! Ambiance assurée!

Pour calmer le jeu, nous poursuivons l'après-midi sur la plage.

Séance PMT : les fonds sont magnifiques, la faune très variée : tortues, raies, murènes, barracudas, poissons colorés dont de nombreux poissons-perroquets.



Apache, centre aéré des Testigos!         


Un autre bateau est mouillé non loin de là: nous faisons ainsi la connaissance de Giovanni, qui va mettre son bateau, Papayaga, à l'hivernage (si l'on peut dire sous ses latitudes!) à Puerto La Cruz, au Venezuela.

Le soir, Giovanni nous offre un thon pêché la veille sur la route depuis les Grenadines. Nous le mangeons ensemble à bord d'Apache.

4ème jour
Giovanni et JP vont relever les filets à langouste avec les pêcheurs. Belles bêtes de 50cm hors antennes. Ça pue la charogne : les langoustes, éboueurs des mers, sont attirées par les cadavres de poissons fixés dans les filets.


L'après-midi, nous retournons sur la Playa Real.

5ème jour
Nous passons la journée à la Playa Real. balade sur l'île, séance photos... le cadre et la lumière sont vraiment magnifiques.

Hélas, demain, nous devrons quitter Los Testigos : nous avons dépassé la durée de séjour autorisée: nous devons aller faire les formalités officielles à Porlamar, sur l'île de Margarita, à 50 milles au sud-ouest de l'archipel des Testigos.



Arrivée au mouillage en face de la Playa Real   
L'école à Los Testigos, par Juliette

Les ordinateurs sont couverts par des tissus en plastique. Quand on les allume, il n'y a pas beaucoup de vignettes. Les claviers, pareil. Les bureaux sont très pratiques : le rez-de-chaussée sert à mettre les sacs, le 1er étage sert pour le clavier, et le 2ème étage pour l'ordinateur. La classe est plutôt petite, avec des cadres et des affiches un peu partout. Au plafond, il y a deux néons, et sur les murs, trois lumières bizarres : il y a comme des assiettes retournées, et au-dessus, une auréole. Près de la porte, un panneau où l'on punaise des choses. Près de l'autre porte (car il y en a deux!), il y a un ventilateur. Sur tous les murs, on voit une prise de courant. Les fenêtres sont très grandes, sûrement pour aérer!

Les élèves commencent par une dictée. Pendant la dictée, la maîtresse appelle souvent Esthefanny (ndlr : oui, cela s'écrit bien comme ça... sa maman nous explique que c'est le prénom d'une actrice d'une fameuse série où les femmes ont un maillot rouge!...), une nouvelle copine Venezuélienne (je pense qu'elle n'est pas très bonne en orthographe!).

Plusieurs enfants ont le même sac-à-dos avec écrit dessus : "Fundacion del Niñ@, nueva esparta".

Après la dictée, enfin je ne sais pas quand, un seul ordinateur est allumé, mais personne ne s'en sert. Sur le tableau, on écrit au feutre d'ardoise, pas à la craie. Les élèves se prêtent leurs affaires, j'ai l'impression qu'ils sont tous copains!

Je ne sais pas comment ils font : certains ne travaillent pas, regardent l'ordinateur allumé. La maîtresse ne dit rien, même si elle les voit. Pendant que je les dessinais, ils me regardaient, ça m'a mise mal à l'aise. Une chose est sûre: il fait froid dans la classe. Brrr!

Pendant 4 heures, que d'ordinateur, ils apprennent "copier-coller".

Pendant la récré, papa vient. Je lui dis que je n'aime pas cette école: tout le monde me parle sans arrêt, comme s'ils ne savaient pas que je suis étrangère.

Les 3 jours suivants, je suis rassurée, je retourne à l'école. Les élèves vont dans leur vraie classe (l'autre, c'était la salle d'informatique!) Dans la classe, ils travaillent beaucoup plus car chacun a une table, des affaires, etc... Par contre, ils se prêtent encore leurs affaires et certains se les volent dans les sacs!

Le dernier jour d'école, le 30 janvier, la classe et moi, faisons des masques. J'en ai fait un d'Inca. Demain au Venezuela, c'est le début des vacances de carnaval!

Juliette

Traversée Los Testigos - Margarita - 2 février 2008

Hier soir, pendant la manœuvre de mouillage, le bout de l'annexe s'est pris dans l'hélice: incident bête qui aurait pu endommager toute la transmission. Heureusement, l'hélice tournait lentement et Carole a mis le point mort immédiatement.

Nous pouvons donc lever l'ancre comme prévu à 7h.

Nous emmenons avec nous Estella et ses 2 enfants : ils vont passer les "vacances de carnaval" (1 semaine) sur Margarita où elle a une maison.


Il n'y a pas de vent, pas de mer et nous faisons toute la route au moteur. Cela n'empêche pas nos 3 invités d'avoir le mal de mer pendant toute la journée!

Une fois n'est pas coutume, nous partons avec 3 autres bateaux: Thasard, 1 catamaran français, l'italien Papayaga de Giovanni et un canadien : Moby Dick.

L'incident récent sur Los Testigos incite en effet à la prudence, et tout le monde est rassuré de voyager en flottille!

Carole et JP


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